A l’annonce d’une affreuse météo le dernier weekend de Septembre en Béarn, nous décidions d’aller chercher le beau temps du côté de… Dublin !!! Certains nous penseront fous, mais détrompez-vous, nous avons joué en polo et petit pull durant 3 jours d’un golf trip fabuleux.

Embarquement depuis Bordeaux sur un vol régulier de la compagnie nationale Aer Lingus, sac de golf pris en charge (normal, c’est un pays de golf quand même), et 1h30 plus tard nous voilà posés à Dublin, 2h30 plus tard, nous entrons dans un fabuleux Pub traditionnel pour lancer notre week-end. Guiness à la main, puis une deuxième, puis… nous poussions la chansonnette avec nos nouveaux amis irlandais, sur d’intemporels tubes anglo-saxons joués en live. Le vieux pub en bois tremble de tout son corps, nous aussi un peu, on doit quitter les lieux avec regret, car, demain, 10 :00 AM, on s’attaque au Royal Dublin GC quand même, faudrait dormir un peu avant…

 


Royal Dublin Golf Club

Autour de Dublin, vous trouverez plus de 40 parcours en tout genre. Des links mythiques (Portmarnock…), des parklands incroyables (le K-Club, Druids Glen…), mais aussi des golfs moins connus, charmants, à l’entretien et à l’accueil souvent remarquables.

Pour notre grand retour post-Covid dans les iles britanniques, nous voulions du « costaud », et nous nous attaquions donc le 1er jour au très sélect Royal Dublin GC, fondé en 1885, considéré comme le meilleur links du coin, avec Portmarnock. Soleil et légère brise en cette belle matinée, le golf se situe sur une presqu’il à laquelle on accède par un mini pont au-dessus de la lagune, dépaysement assuré.

L’accueil par le Pro du club est de coutume ici. Il nous fait un brief météo (non sans une légère fierté, nous sommes en polo !), nous donne les codes d’accès aux vestiaires, nous explique où se situent les infrastructures, ET nous fournit un voucher pour les chariots et le repas d’après-partie. C’est inclus dans le green-fee.

La zone de chipping pour l’échauffement nous fit immédiatement comprendre qu’ici, « si tu rates de green, ça va se compliquer sévèrement !!!». A noter que le putting green est plat (nous y reviendrons )
Petit frisson au moment de poser sa balle sur le tee 1, superbe Par 4, vent travers, avec de très gros bunkers à portée de drive. Tout se passe bien. Arrivés sur le green, nous prenons une « valise » car du mauvais côté de celui-ci. Les greens sont rapides et vraiment très sinueux, compliqué à lire, et en çà, le putting green ne nous y avait pas préparé.

Le parcours est d’une qualité spectaculaire, voilà longtemps que nous n’avions pas vu un entretien pareil. Les fairways sont très durs et les contacts avec les fers sont magiques. Les contours de green sont tondus comme les greens et ingénieusement dessinés.
Nous sommes bien sur un links, il va falloir faire preuve d’imagination. A 60 m du green, tous les coups sont permis : fer 7 roulé, hybride, putter, faites comme vous le sentez, on peut tout faire ici, mais il faut évidemment éviter les pots bunkers. Un coup moyen, et votre balle prend les pentes, pour se faire irrémédiablement happée par ces trous d’obus.
Les 18 trous sont TOUS exceptionnels dans leur conception. Coup de cœur pour l’enchainement des trous 7, 8 et 9 qui sont géniaux.

Le retour est plus sportif, il faut secouer le drive sur des trous assez longs, mais le vent léger arrière vous aide. Les 3 derniers trous sont remarquables, avec le 18 particulièrement dur à négocier.

Un grand vrai links comme on les aime, surtout avec le soleil et un vent modéré. Seul bémol, l’environnement qui n’est pas exceptionnel, avec au loin le port de Dublin, cheminées fumantes des usines et tankers. Ne regardez que les trous, par trop autour, mais quel parcours !

Euphoriques après cette expérience royale, notre besoin de golf n’était toujours pas assouvi et il n’est que 16h. Nous nous mettons à la recherche d’un autre parcours pour finir notre journée. Pour cela, c’est très simple en Irlande, un coup de Google Maps, tapez « golfs / autour de vous » et vous n’aurez que l’embarras du choix.


Sutton Golf Club

Après un coup de fil nous assurant un tee time, nous mettons le cap au nord à 10 minutes, direction le plus beau 9 trous d’Irlande (élu par les golfeurs en 2020), logé sur une toute petite langue de terre face à Portmarnock, le Sutton Golf Club.
Le « spot » est fabuleux. Entre deux bras de mer, une lagune, 9 trous construits là en 1890, sans artifices… un endroit magique. L’accueil est remarquable de la part des membres, ravis de voir quelques frenchies tester Sutton GC. C’est un 9 trous assez court, mais vraiment technique. L’entretien là aussi est vraiment bon, surtout que le golf venait d’accueillir la 9ème édition du championnat de matchplay de la PGA Irlandaise.
Les 3 derniers trous sont fabuleux, le 9 est exceptionnel, faites y un saut, pour 40 € le greenfee ça vaut le détour. Passez un peu de temps au putting green, probablement le plus pittoresque que nous ayons vu.


The Island Golf Club

Le 2eme jour, la partie prévue en matinée à The Island GC est décalée à l’après-midi grâce à la gentillesse du Pro du Club. La matinée est « unplayable ». En effet, depuis le milieu de la nuit, une tempête sévit en Irlande, cette fameuse dépression que les joueurs du DP World Tour ont affronté l’après-midi sur le Dunhills Links à St Andrews.
Tee time prévue à 14h, la pluie cessa à 14h01, la dépression est passée…. Nous voilà bien chanceux. Le vent par contre est bien là, certains coups devront être joués avec 3 clubs de plus pour faire la distance escomptée. Malgré des trombes d’eau, le parcours est bijou, on chausse nos spikeless.

The Islands, fondé en 1890, est un links sauvage sans compromis, difficile voir brutal. Gros vent, gros bunkers, les lignes de jeu doivent être justes et calculées, c’est un parcours taillé pour les guerriers et les guerrières.

A l’aller, les fairways se faufilent entre d’immenses dunes, couvertes de « foins » bien haut et épais, ici une balle égarée est une balle perdue. Les balles s’arrêtent difficilement sur les greens « vent avec », ce qui vous laisse des chips souvent compliqués. « Un peu » à l’abri du vent au milieu des dunes (du moins en apparence), les trous 1, 6 et 8 sont quand même accessibles.
Mais alors que dire du retour ? changement de décor ! On s’approche au plus de près de la mer, il n’y a plus de dunes, et pour commencer, les trous 10 et 12 sont monstrueux, vent de face. Le 13 est un par 3 dont le descriptif donné sur place est le suivant «a classic short hole ». On adore l’humour britannique . En fait, le trou fait 200 m, vent contre, et il vous faut jouer driver pour tenter de passer au-dessus des vagues ! Un trou néanmoins spectaculaire avec vue sur la mer et les voiliers au mouillage.
Le 14, un fairway aussi large que l’allée de votre jardin. Herbes à lion à gauche, l’eau à droite, le coup doit être parfait pour jouer correctement ce court par 4.

Un peu de repos au 15, avec ce sublime par 5 (trou signature avec le 13), ou le birdie vous réconforte un peu, avant de finir par un par 3 (fer 4 en mains), un par 4 appelé « les yeux de l’Irlande », et comme vous n’êtes pas du tout émoussés par ce parcours, on vous achève avec le 18, vent de face (pour changer), vous jouerez driver puis bois 3, mais n’espérez même pas prendre le green en 2 sur ce par 4 en cette journée ventée.

Voilà, vous l’aurez compris, The Island GC c’est monumental, c’est dur mais c’est génial. Parce que le vent vous rend fou, parce que chaque coup joué doit l’être pleinement, parce que le vent, les dénivelés et les obstacles vous font douter, parce que les fautes se paient cash, parce que quand vous êtes golfeur, vous pouvez rechercher le test ultime en terme de jeu, de concentration, de créativité et d’opiniâtreté. Jouez The Island GC et vous verrez quel joueur vous êtes ! Buvez une belle Guiness après votre partie, vous aurez l’impression d’en avoir bu instantanément 3, tellement ce golf vous a enivré.

Soirée festive une fois de plus à Dublin. Il y a, dans cette ville, une concentration de bars et restaurants impressionnante. Cherchez bien, vous pourrez passer d’excellents moments. On a adoré les concepts 3 en 1 (bar, resto et club), où la soirée évolue en fonction de vos envies. Le quartier de Temple Bar reste « la base » mais somme toute un peu surfait et touristique à notre goût. Allez plutôt dans les quartiers autour de Trinity College, vous y mangerez mieux et pour beaucoup moins cher qu’à Temple Bar. Camden Street, Dawson Street ou Leeson Street sont les coins à la mode actuellement.

Dernier jour, prudents, notre tee time est à 12h00, et nous avons eu raison, car la soirée passée au Café en Seine, établissement ultra tendance de Dublin, a quelque peu duré…


European Golf Club

50 minutes de route vers le sud et nous voici arrivés à l’European Club, dernier parcours du weekend. Il s’agit d’un links relativement récent, fondé en 1987, par Pat Ruddy. L’European Club était le rêve de cet homme, qui a œuvré durant 25 ans, pour créer, selon lui, « the perfect golf links », titre de son livre, qui vous raconte toute l’histoire en 148 pages. Nous avons même eu la chance de le rencontrer puisqu’il est venu nous rendre visite sur le fairways du 15, et nous a également offert son livre en guise de remerciement.
L’accueil y est parfait, briefing d’avant départ et starter au départ du 1, tout le staff en costard / cravate / blason du club, dans la pure tradition britannique.

La péninsule de Wicklow est sauvage, aucune habitation, les points de vue sur la mer sont à couper le souffle, et on y trouve même un micro climat, avec des plantes endémiques (Yuccas et palmiers) qui se mélangent aux genêts, bruyères et fougères, c’est vraiment un lieu singulier. Il y fait d’ailleurs très doux par rapport à Dublin, les polos sont de sortis.

Ce parcours est un links moderne. On y retrouve tout l’esprit « du jeu de links » mais avec des fairways plus larges, des tee lines généreuses avec 6 boules de départ, des trous assez espacés contrairement aux vieux parcours.
Le tracé de ce links est superbement équilibré. Les pars 3 sont courts mais très défendus, vous trouverez aussi de larges fairways pour vos mises en jeu sur les pars 5, et enfin, quelques trous vraiment étroits, ventés et dangereux (4, 5 et mention spéciale pour le 7).

Mais évidemment, la signature de Pat Ruddy, ceux sont les bunkers. Déjà profonds et entourés de talanquères, cela ne suffisait pas, il y a laissé d’énormes « foins » sur tous les contours… Ces pots bunkers dessinent très bien les fairways, ce qui vous donne des indications sur les bonnes lignes de jeu. Par contre, toute balle dans un bunker est synonyme de bogey… à minima. Si, par malheur, votre balle repose dans une touffe de bunker… comptez double ou triple à coup sûr !

Sur le retour, attention aux yeux, c’est une succession de trous aussi beaux les uns que les autres, avec vue mer évidemment. Le trou signature étant le 12, un par 4 de toute beauté, au bout duquel vous attend un green de 127 yards de long ! (bon, on a pris 3 putts). L’enchainement 13, 15 et 17 est sublime. Il règne vraiment une atmosphère particulière sur ce links, les lumières et les contrastes sont grandioses.

Surprise du chef Pat, vous jouerez sur 20 trous. Comme aime le raconter son designer, l’endroit était si beau et si vaste, qu’il n’arrivait pas s’arrêter d’imaginer des trous… alors il a créé 2 pars 3 supplémentaires en haut des dunes, les trous 7a et 12a.

6h de jeu après, nous arrivons à bout du « perfect links », pour lequel Pat Ruddy a consacré une bonne partie de sa vie. Non, il n’a pas menti, l’expérience est unique. C’est beau et long, mais équilibré et ludique. Cela reste quand même un links « gaillard », avec un record du parcours à « seulement » 67, l’œuvre d’un certain Tiger Woods…

Encore une soirée animée à Dublin, il faut dire que les Irlandais sont quand même de sacrés fêtards, et être français n’est pas un désavantage pour passer de bonnes soirées. Nous sommes appréciés notamment par notre amour pour le ballon ovale et notre addiction à la petite balle blanche, tout comme eux.

Vol retour tout en douceur, des images plein la tête, surtout celles des fairways ondulant entre dunes et mer, des contrastes de couleurs, de golfs fous et de gens charmants.
Sacrée destination quand même cette Irlande, on repart quand ?

 

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